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Photo du rédacteurBenoit Roumet

Primeurs en Loire?

Alors que le 3ème jeudi de Novembre résonne à nos oreilles et à nos palais de l’arrivée du Beaujolais Nouveau, petit tour en Loire pour découvrir que le Beaujolais n’a pas l’exclusivité du primeur (même s’il en reste le phare).


Le Roi des primeurs : le Beaujolais

Né en 1954, le Beaujolais nouveau est le seul vin, à ma connaissance, qui ait un jour du calendrier dédié à sa célébration, et ce quasiment dans le monde entier. Même s’il n’est plus autant fêté qu’auparavant, ce Beaujolais Nouveau version 2020 confiné nous rend un peu triste tant le 3ème jeudi de Novembre reste synonyme de fête, de partage avec, de surcroît de plus en plus de belles découvertes.

Primeurs en Beaujolais mais pas seulement

Lorsque l’on va sur le site de l’INAO (inao.gouv.fr - Institut National des Appellations d’Origine) et que l’on fait une recherche sur « primeur » il en ressort…619 occurrences. En se concentrant sur les Appellations d’Origine Contrôlée, on trouve toujours 121 vins et si on se focalise sur le Val de Loire on arrive à 6 AOC.

Sauf erreur de ma part, dans le Val de Loire, en plus des IGP (Indication Géographique de Provenance) on peut produire des primeurs en Touraine (rosé et rouge), en Anjou Gamay, en Cabernet d’Anjou et en Rosé d’Anjou, en Saumur (rosé) et en…Muscadet.

Le Gamay est certainement le cépage rouge qui s’adapte le mieux à la vinification en primeur (Rappel important : ce cépage Gamay est aussi apte à produire de très beaux vins avec de belles gardes). On produit en Loire des primeurs à base du plant lyonnais, certes, mais également avec d’autres cépages comme le melon de Bourgogne.


Une production confidentielle

On pourrait utiliser le conditionnel car lorsqu’on observe les statistiques de production, on s’aperçoit qu’en 2019, le Val de Loire n’a produit de primeurs qu’en Touraine rouge (359 hl soit 48 000 bouteilles), en Muscadet (187 hl soit 25 000 bouteilles) et en Anjou Gamay (production trop petite pour intégrer les statistiques).

Le Touraine Primeur (inventé par Henry Marionnet dans les années 70) a très longtemps joué la carte festive avec de nombreuses animations à Tours mais également à Paris.

Les professionnels ont souhaité porter leurs efforts sur les Touraines "classiques" et les dénominations mais une poignée d’irréductibles essaie de maintenir cette tradition et de relancer la machine. Ces primeurs de Loire sont bien sûr consommés localement et permettent de maintenir un lien sympathique avec les habitants de la région et, le temps d’une soirée, d’accueillir en « avant-première » le nouveau millésime.


Bonus : pourquoi le Japon « raffole » du Beaujolais Nouveau

Le Japon est le pays qui importe le plus de Beaujolais Nouveau même si là aussi la consommation baisse depuis une petite dizaine d’années. La symbolique très importante du « Nouveau » (premiers poissons de la saison, premiers sakés de l’année) et un vin iconique dégusté quasiment avant tout le monde (8 heures d’avance sur la France) peuvent expliquer cet engouement. Il faut également noter des cuvées de très haute qualité produites par des vignerons sélectionnés par les importateurs et une communication institutionnelle et individuelle très forte qui, au fil des ans, a porté ses fruits.

Et non les japonais ne se baignent pas dans le Beaujolais Nouveau, c’est du pipeau…pardon, c’est pour la photo (on appelle ça de la communication).


Ce jeudi, l’arrivée des primeurs 2020 nous ramène à une convivialité qui nous manque cruellement aujourd’hui. Le remède : on va chez son caviste ou son vigneron préféré (ou sur leur site web), on commande et on partage…même si ce n’est que via un apéritif skype.

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