Bertrand Daulny a été directeur du SICAVAC, laboratoire interprofessionnel des Vins du Centre, situé à Sancerre et connaît parfaitement le vignoble de Sancerre, entre autres.
A l'occasion du Chapitre d'hiver des Chevaliers du Cep à Verdigny, il a, comme à l'accoutumée, présenté de main de maître le millésime 2023 à Sancerre qui se peaufine dans les caves sancerroises.
Une année chaude et sèche
"Les années se suivent et se ressemblent. 2023. Encore une année chaude. Encore une année sèche. Encore une année précoce. La 5ème en 6 ans.
Mais, si on y regarde de plus près, ces années chaudes et sèches ont chacune leurs
particularités. Les périodes de chaleur ne se trouvent pas aux mêmes moments, ni avec les mêmes intensités, et les pluies ne se répartissent pas de la même façon, et donc la vigne évolue différemment, les raisins mûrissent différemment. Et au final, les vins ont des caractères différents.
Les 2023 n’ont pas le profil solaire qu’on a pu rencontrer en 2019 ou 2020 par exemple."
Retour sur l'année viticole 2023 à Sancerre
"Pour faire une rétrospective rapide du climat de l'année, nous sommes sortis de l'hiver avec des sols anormalement secs. C’est surtout le mois de février qui a été sec, celui qui, selon le dicton, devrait remplir les fossés. A lui seul, il représente plus de 40% du déficit de pluie de l'année.
Juin et juillet ont ramené de l'humidité grâce à des orages localisés, avec des quantités d’eau très variables selon les secteurs, ce qui aura des répercussions sur la maturation.
Quant aux températures, elles ont été marquées, tout au long de la campagne viticole, par des chaleurs dépassant de 3 à 10 degrés les valeurs habituelles. D’abord au printemps, du 20 mai à fin juin, entraînant une pousse très rapide de la vigne, une floraison précoce et favorable. Puis, en été avec des périodes caniculaires et des pics de 30 à 35°C, en deux temps, du 17 au 24 août et du 1er au 10 septembre.
Ces conditions climatiques ont eu pour conséquences de fortes baisses d’acidité, l’accumulation de couleur dans les pinots, mais aussi parfois des blocages qui ont ralenti l'augmentation des sucres.
Deux gros orages, le 17 et le 21 septembre, sont venus à point pour relancer la maturation.
Ces orages n’ont pas été sans apporter quelques inquiétudes aux vignerons : ces fortes pluies n’allaient-elles pas faire pourrir les raisins ? Il n'en a rien été, les raisins sont restés
parfaitement sains. En effet, le temps sec est revenu définitivement, ce qui a permis
l’affinement de la maturation et des arômes.
Des vendanges sereines de septembre à octobre
"Les parcelles les plus précoces étaient mûres dès le 7 septembre. Mais c’est surtout à partir du 13 que les vendanges ont réellement commencé. Ce sont les pinots qui ont été récoltés en premier.
La récolte des blancs s’est ensuite déroulée tranquillement. Les écarts entre les parcelles
étaient importants. L’ordre habituel de cueillette des différents terroirs était quelque peu bouleversé : par exemple, contrairement à la règle générale, des terres blanches étaient mûres avant certains silex.
Le plus gros des blancs a été ramassé entre le 18 septembre et le 2 octobre. Les toutes
dernières grappes ont été coupées à la fin de la première semaine d'octobre."
Un millésime 2023 généreux
"Concernant la quantité, en blanc comme en rouge, on peut dire que la nature a été
généreuse.
La qualité aussi est au rendez-vous. Les vins du millésimes 2023 ont un côté séduisant : les degrés alcooliques sont à un bon niveau sans être excessifs, les acidités sont plutôt basses sans être déséquilibrées. Les blancs montrent une belle fraîcheur gustative et aromatique.
Les rouges ont des arômes très floraux et fruités avec de magnifiques couleurs."
Rendez-vous au printemps pour découvrir toutes les qualités du millésime.
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