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Premières impressions du millésime 2020 en Centre-Loire.

Dernière mise à jour : 5 nov. 2020

Alors que l’automne a fait jaunir et rougir les feuilles dans tous les vignobles, les vins du nouveau millésime commencent leur repos hivernal, dernière longue étape avant les premières mises en bouteilles au printemps.

Petit compte-rendu de l’année 2020 en Centre-Loire issu d’un entretien avec Fabrice Doucet, directeur de SICAVAC, laboratoire interprofessionnel du Centre-Loire.



Un hiver d’une froideur…printanière

2020 démarre avec un hiver d’une douceur jamais connue depuis les premiers relevés météo. Cette douceur a été accompagnée d’une pluviométrie très abondante. En février, la moyenne des températures a été 3,5°C au-dessus des normales de saison. Cette douceur hivernale va entraîner un démarrage de la vigne très précoce (alors que la précocité de 2018 et de 2019 était plutôt due à une maturation raccourcie).

Le débourrement va ainsi intervenir dès le 5 avril avec 8 jours d’avance sur la moyenne des 10 dernières années. Cette avance sera conservée et accélèrera même tout au long de la campagne viticole.

Sancerre sous la neige : une image définitivement du passé?

Une année épargnée par les maladies ou…presque

Au niveau des maladies de la vigne, l’année fut assez facile pour les vignerons. La pression mildiou a été quasi inexistante. Les pluies du printemps ont, par contre, déclenché des risques d’attaques d’oïdium, qu’il a fallu contenir, notamment dans les secteurs historiquement sensibles.

Les premières fleurs apparaissent dès le 20 mai. La pleine floraison, bénéficiant d’une météo clémente, se cale sur le 28 mai, avec deux semaines d’avance sur la moyenne des dix dernières années. Les précipitations de mai et de juin, combinées avec l’eau hivernale ont permis la constitution de réserves hydriques importantes qui seront primordiales pour la suite de la saison.

En juin, quelques orages de grêles vont occasionner des dégâts parfois importants sur Châteaumeillant. Reuilly, Menetou-Salon et Sancerre seront également touchés mais dans une moindre mesure et sur des secteurs très localisés.


Un été sec et parfois très chaud

La fermeture de la grappe (quand les baies des raisins atteignent leur taille définitive) intervient dès le 1er juillet. La véraison (changement de couleur des baies) arrive la dernière semaine de juillet. La première quinzaine de juillet est assez fraîche. Après la Fête Nationale, les températures montent progressivement jusqu’en août qui connaîtra deux épisodes caniculaires en pleine phase de maturation.


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Raisin de Sauvignon grillé par la canicule

La maturation démarre donc tout début août. Les fortes chaleurs dégradent rapidement l’acide malique mais l’acide tartrique demeure élevé. Les journées très chaudes vont provoquer grillures et échaudages occasionnant parfois de 30 à 50% de pertes. Les vignes, particulièrement les cépages rouges, vont prendre de véritables coups de soleil.

L’alternance de nuits restées fraîches avec les journées très chaudes permet cependant un bon développement des arômes. Les tous premiers coups de sécateurs sont donnés le 22 août mais la récolte se généralise à partir du 27 août.


Des vendanges en mode parfois accéléré

Au départ les vignerons prennent leur temps mais le retour de températures très hautes début septembre va entraîner une perte en eau assez rapide des raisins et à une forte concentration en sucres mais également en acidité. Les vignerons accélèrent alors le mouvement.

Pendant les vendanges, l’état sanitaire des raisins est resté très bon même dans les parcelles grêlées qui étaient sous haute surveillance.

Niveau quantité, les rendements semblent légèrement en dessous de la moyenne pour les vins blancs. Ce sont les rouges qui ont payé le plus lourd tribut des épisodes de canicule avec des rendements moyens qui pourraient se situer entre 30 et 40 hl/ha.



Les premières très bonnes impressions du millésime 2020

Les rosés 2020 ont une couleur un peu plus soutenue que 2019 (mais pas au niveau de 2018). Les arômes de ce millésime sont plus tournés vers les fruits rouges que les fruits blancs. Les vins présentent un profil plus vineux mais une jolie acidité ramène de la fraîcheur en bouche.

Les rouges 2020 ont de belles robes, très soutenues. Les nez sont souvent très complexes allant des fruits rouges frais aux notes plus confites. En bouche les tannins sont, aujourd’hui, plutôt marqués et un peut-être un peu durs. Les vins sont cependant soutenus par une acidité bienvenue. L’hiver, les fermentations malolactiques et les élevages vont permettre d’harmoniser tous ces éléments.

Les blancs 2020 sont aromatiquement très riches. Pêches blanches, poires, notes anisés et même réglisse sont souvent très présents. Les bouches sont denses mais encadrées par une belle acidité qui ramène de la fraîcheur.


Au final, un millésime 2020 en Centre-Loire marqué par des épisodes assez extrêmes, très pluvieux ou très secs, parfois très chauds mais qui, au final, devrait encore une fois ravir nos palais.

A découvrir à partir du printemps prochain, confinés ou pas.

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