A l’occasion de la sortie du palmarès de la première édition de Sélection Rosé du Concours Mondial de Bruxelles* (les résultats c’est par ici), petit coup d’œil ligérien sur ces vins synonymes d’été, de terrasse et de barbecue alors qu’ils sont beaucoup plus.
Quand on dit rosés, on pense immanquablement à la Provence, bien sûr, à Bandol ou au Champagne rosé également et on a bien raison tellement on y goûte de belles bouteilles. Mais on oublie parfois le Val de Loire qui a une image de vins blancs très marquée (ce qui est logique) mais dont on ignore souvent qu’elle est la deuxième région productrice de vins rosés AOC en France (représentant près d’un quart de la production).
Alors on prend les rames et on remonte la Loire à la rencontre de ces si jolis vins.
Le Pays Nantais : pas que du blanc !
Tous les vignobles du Pays Nantais ne produisent que des vins blancs. Tous ? Et non. En AOC, les Coteaux d’Ancenis à partir du Gamay et le Fiefs Vendéens avec un assemblage où se côtoient, entre autres, Cabernet Franc, Négrette et Pinot noir, empêchent les blancs de scorer à 100%.
L’Anjou-Saumur : le spécialiste
Avec 50% de sa production en rosé tranquille (sans bulles), l’Anjou-Saumur se taille la part du lion avec, en plus, une spécificité régionale, les rosés demi-secs. Cabernet d’Anjou et Rosé d’Anjou gardent en effet quelques sucres résiduels après un arrêt de la fermentation piloté par le vigneron. J’avoue humblement que, quelques années en arrière, ces rosés n’étaient vraiment pas ma tasse de thé (de base je ne suis pas un bec à sucre) mais l’utilisation du froid pour stopper la fermentation (en lieu et place du SO2) et des niveaux de sucre beaucoup plus raisonnables ont amené une fraîcheur de fort bon aloi dans l’équilibre des vins. Le développement des cuisines « exotiques », le salé-sucré, le tex-mex, entre autres, ont ravivé l’intérêt pour ces vins qui désormais prennent toute leur place à l’apéritif ou à table.
Si l’on parle des Fines Bulles, autre production très importante dans la région, les Anjou, Saumur et Crémant de Loire ont bien sûr leur version en rosé à parti d’un assemblage des cépages emblématiques de la région.
Côté vins secs, on notera une petite production en Haut-Poitou, en Saumur et bien sûr le Rosé de Loire. Comme le Crémant du même nom, ce rosé sec, issu d’un assemblage où l’on retrouve le cabernet franc, le grolleau ou le pineau d’aunis pour ne citer qu’eux, fait le lien entre l’Anjou-Saumur et la Touraine les deux régions où il peut être produit.
La Touraine et ses multiples rosés
Dans cette région encore dédiée majoritairement aux rouges, le rosé se fait une petite place avec les cabernets à St Nicolas de Bourgueil, Bourgueil et Chinon à l’ouest et des rosés d’assemblage en Touraine, Touraine-Amboise, Touraine Azay-le-Rideau, Touraine Mesland et Cheverny. On pourra y retrouver le cabernet franc, le gamay, le côt (Malbec) ou encore le grolleau. A découvrir également, Le Touraine Noble-Joué qui ne produit que du rosé issu des trois pinots (meunier, gris et noir). Dans le même registre de découverte, les Coteaux du Loir, Coteaux du Vendômois et Valençay invitent le pineau d’aunis dans l’assemblage de leurs rosés.
Le Centre-Loire royaume des rosés de pinot noir…et gris
On commence par une curiosité à Reuilly qui produit des rosés issus essentiellement voire à 100% du pinot gris. Historiquement présent dans la région, le pinot gris fait le bonheur des amateurs de l’appellation berrichonne.
Sancerre et Menetou-Salon produisent des rosés issus du seul pinot noir ce qui est, au final, très rare. Certains domaines ont une clientèle qui ne vient que pour leurs rosés qui, il est vrai, sont aujourd’hui de vrais vins de gastronomie.
Châteaumeillant, le vignoble le plus central de France est l’un des rares, en Val de Loire, à produire officiellement des vins gris, le pressurage direct étant spécifié dans son cahier des charges.
Coteaux du Giennois, Côtes de la Charité et Coteaux de Tannay ferment le ban avec des assemblages de pinot noir et de gamay.
La Loire Volcanique et ses gamays
St Pourçain, Côtes du Forez et Côte Roannaise produisent des rosés issus du seul gamay, cépage phare de la région. Les Côtes d’Auvergne peuvent y adjoindre du pinot noir.
On le voit, dans cet inventaire "à la Prévert", le Val de Loire regorge de vins rosés, des tendres, des secs, des bulles, des grandes productions et des minuscules pépites, quasiment de l’estuaire jusqu’à la source.
C’est un peu à l’image de ce que l’on peut trouver dans la France des rosés et il faut vraiment écrire ce mot au pluriel tellement les régions, les terroirs, les cépages et la patte des vignerons permettent la création d’une multitude de vins parmi lesquels on trouve forcément son bonheur, du simple plaisir d’ouvrir une bouteille bien fraîche à l’apéritif ou pour des mariages culinaires des très classiques aux plus surprenants.
Alors que le Printemps approche, et même si on peut se régaler avec les rosés toute l’année, je l’écris très fort : Vive le(s) Rosés(s) !
* avec lequel j'ai la joie de collaborer depuis décembre
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