Entre épisodes de gel, sécheresse et canicule, les vignobles du Val de Loire ont connu en 2019 des fortunes diverses mais la qualité est au rendez-vous du millésime avec toutefois des équilibres contrastés même au sein d'une appellation. Retour sur l'année écoulée et sur les vins au fil des rencontres au Salon des Vins de Loire à Angers.
On démarre avec le Pays Nantais qui depuis 4 ans paye un lourd tribut aux gelées printanières. 2019 a bien mal démarré avec un gel de printemps dans la nuit du 4 au 5 avril. Les températures descendues entre - 1°C et -2°C auraient pu être inoffensives mais l'humidité du soir et le soleil du lendemain ont détruit quasiment 50% de la récolte. Les températures glaciales connues quelques semaines plus tard en Centre-Loire (jusqu'à - 6° c sans dégâts importants) montrent la complexité du gel où la température joue un rôle primordial mais doit être observée avec l'humidité, le vent et l'avance des vignes.
Après ce rude coup du sort (après 2016 et 2017), l'année s'est déroulée sans accroc, sans problème de sécheresse et avec trois semaines de très beau temps pour les vendanges. Les maturités étaient belles avec des degrés potentiels assez hauts
Les 2019 dégustés montrent bien cette richesse du millésime, richesse accompagnée toutefois d'une certaine tension. Il faudra bien sûr attendre que les élevages soient terminés pour se faire une idée plus précises des qualité de l'année.
En remontant la Loire nous arrivons en Anjou-Saumur. Patrick Baudoin explique que le gel a touché la région deux fois, le 4 avril et le 6 mai. La sécheresse s'est ensuite installé dans la région ce qui a entraîné au final des volumes en retrait de 40% part rapport à la moyenne de production. Les conditions de récolte ont été parfaites pour les chenins vinifiés en sec, par contre de nombreux vignerons ont décidé de faire l'impasse sur les liquoreux, estimant que l'année ne s'y prêtait pas.
Les rouges d'Anjou dégustés, encore en élevage, sont concentrés avec des tannins déjà enrobés.
On aborde ensuite la Touraine avec Chinon. Bernard Baudry et Fabrice Gasnier rappellent l'épisode de gel du printemps qui a, là aussi, fait des dégâts. Les systèmes antigels mis en place après 2016 ont néanmoins permis de limiter les pertes de récoltes dans les zones protégées. Après une période humide, le temps sec s'est installé à partir du 10 juin amenant progressivement la sécheresse ponctuée par trois mini canicules fin juin, fin juillet et fin août. Le manque d'eau et la chaleur ont particulièrement touché les vignes plantée sur les sables, les coteaux ayant mieux résisté. Ces différents épisodes climatiques ont petit à petit réduit le potentiel de production de l'année.
Les vendanges se sont passé sous le soleil excepté un orage amenant une pluie au final salvatrice.
Les premiers vins dégustés sont pleins de fruits pour les chinons issus de terroirs de graves. Les chinons de coteaux sont concentrés, fermes et pleins de promesses.
Pour la partie orientale de la Touraine, le gel d'avril a touché quelques parcelles à Valençay et en Touraine, la météo s'est ensuite tournée vers le temps sec. Les premiers valençays blancs dégustés chez Francis Jourdain montrent des vins aromatiques et dont la richesse est bien balancée par une belle fraîcheur. Un style certainement plus ligérien que les 2018.
En Centre-Loire, là encore, on rencontre des fortunes diverses même si le gel d'avril, aux températures particulièrement sévères, n'a fait pratiquement aucun dégât.
La sécheresse a fait peur très longtemps mais au final, la production est globalement d'un bon niveau en quantité avec des variations parfois fortes en fonction des appellations mais également des types de sols.
A l'Ouest, Quincy et Reuilly ont souffert des canicules surtout le pinot gris cépage certainement plus sensible. Les premiers vins dégustés montrent une belle fraîcheur et des notes aromatiques très fruitées.
A Menetou-Salon, Pierre-Emile Fraiseau, juge lui 2019 comme un retour à la normale en terme d'équilibre aussi bien en blanc qu'en rouge.
Pour Eric Louis à Sancerre, les acidités sont plus intéressantes que 2018 avec plus d'acide tartrique qui amène de la fraîcheur. Les vendanges 2019 ont également montré qu'il fallait maintenant ne plus avoir peur de vendanger plus tôt (quand les aromatiques sont là) .
Alain Cailbourdin en Pouilly-Fumé a eu un peu peur à l'entrée de l'hiver, les hauts degrés des raisins rentrés s'exprimant de façon trop riche. Depuis janvier, les vins se sont tendus et ont retrouvé de l'élégance.
Au final un millésime 2019 ligérien un rien stressant pour les vignerons tout au long de l'année mais qui, au travers des premiers vins dégustés, montre un très beau potentiel dans toutes les appellations.
Comments